Dans les années 1950, l’anthropologue américain Edward Sapir et son élève Benjamin Lee Whorf avancent une thèse selon laquelle les êtres humains vivent à cause de leurs appartenances culturelles dans des univers mentaux différents ; les langues des uns et des autres témoignent de ces différences et sans doute les conditionnent-elles. Pour illustrer ce relativisme culturel et linguistique, Whorf donne l’exemple, largement contesté depuis, de la langue esquimau avec ses dizaines de mots pour qualifier la neige. Au-delà de la polémique sur l’existence ou non d’un tel vocabulaire, la neige fascine aussi bien les habitants des contrées froides qui la connaissent et la vivent que les habitants des régions chaudes qui ne la connaissent souvent que par l’image. L’apparition des flocons immaculés surprend et constitue une rupture dans le train-train quotidien. Pendant que les enfants s’amusent à fabriquer boules et bonhommes de neige, les adultes contemplent leurs empreintes dans la poudreuse… Cet émerveillement a été restitué par nombre d’écrivains et de poètes.