La guerre du clic fait rage sur les réseaux sociaux, en particulier pour les médias. Quels contenus ces nouvelles plateformes de diffusion encouragent-elles ? La politique du buzz menace-t-elle l’information de qualité ?
Elle s’appelle Mennel Ibtissem, elle chante, suffisamment bien pour avoir été retenue au casting de The Voice sur TF1. Une candidate parmi d’autres, sauf que depuis quelques heures, son nom affole les réseaux sociaux. Des internautes ont retrouvé d’anciens messages de la jeune chanteuse, postés au moment de l’attentat de Nice, en juillet 2016. Dans l’un d’eux, elle écrit : "les vrais terroristes, c’est notre gouvernement". Il n’en fallait pas davantage pour en faire la polémique du moment. Ce qui est exemplaire dans cette affaire, c’est la rapidité avec laquelle cette information est devenue un fait d’actualité : quelques messages postés sur les réseaux sociaux, un début de "buzz" remarqué par des sites de journaux, qui transforment le "buzz" en info, laquelle prend une dimension sans commune mesure avec sa valeur intrinsèque. On pourrait multiplier les exemples. Ce ne sont déjà plus les chaines d’info en continu qui donnent le tempo de l’actu, mais bien les réseaux sociaux. Ce qui ne veut pas dire qu’il faut les rejeter en blocs : Twitter, Facebook, Youtube… sont des mines d’information. Mais ils imposent une écriture et un rythme qui bousculent le travail journalistique. Et plus largement la fabrique médiatique.