Internet voit parfois émerger des courbes ou des cartes qui prétendent pouvoir expliquer simplement des questions complexes : quelques conseils pour ne pas tomber dans le panneau.
En France, 57 % des morts ont lieu à l’hôpital : la probabilité de mourir dans les établissements de santé est supérieure à celle de passer l’arme à gauche chez soi dans son lit. Alors, dangereux l’hôpital ? Non. Si la proportion de morts est plus élevée à l’hôpital, c’est parce qu’on s’y rend lorsqu’on est malade, et que c’est quand on est malade qu’on risque le plus de mourir. Cette notion de corrélation, autrement dit quand deux données semblent liées, est tout à fait différente de celle de causalité, le lien de cause à effet. Ainsi, tenter de démontrer une théorie en additionnant des statistiques et en comparant des courbes ou des cartes peut être trompeur si la démonstration n’est pas accompagnée d’une étude rigoureuse. Le risque ? Tomber dans un déterminisme comme celui de Pierre Simon de Laplace au XVIIIe siècle ou celui de certains géographes du XIXe siècle qui défendaient que la géographie – physique, celle des vals et des collines – était responsable de l’ordre de la société. Il en irait de même pour le climat, qui déjà chez l’historien romain Tacite (Ier siècle), cité par le géographe Olivier Dollfus, façonnait le comportement des Germains, Tacite évoquant la « rudesse et sauvagerie des peuples venus du Nord, des pays aux hivers froids, qui sortent de la profondeur des forêts ».