Réussir son concours de médecine fait-il un médecin réussi ? C'est le thème du film de Thomas Lilti, "Première année", sorti en salles le 12 septembre 2018. On y suit la troisième et ultime tentative d'Antoine (Vincent Lacoste), qui rêve de devenir médecin, et de Benjamin (William Lebghil), fraîchement débarqué du lycée, dont la performance le dispute à son indifférence pour l'univers médical. Un film tout en tensions, rythmé par le compte à rebours jusqu'au concours, et coloré par une intense histoire d'amitié.
Des centaines d'étudiants entrent dans une immense salle, un hangar vide et froid, où les minuscules bureaux sont alignés en carrés. Les candidats sont écrasés par le cadre, tout petits dans la lumière crue dispensée depuis le plafond d'où on les observe. La tension est palpable au centre d'examen de Villepinte, où se déroule réellement le fameux concours de première année de médecine, pharmacie, dentaire et maïeutique (sage-femmes), le Paces, et sur lequel s'ouvre le film. "Je voulais (…) raconter la violence et l'épreuve que sont ces grands concours qui déterminent toute une vie", explique Thomas Lilti. Lui qui a passé le concours de médecine une vingtaine d'années auparavant est donc retourné sur les bancs de la fac pour tourner son troisième film traitant de l'univers médical, après "Hippocrate" (2014) et "Médecin de campagne" (2016). Il découvre alors des études de médecine "au bord de l'implosion", avec "beaucoup trop d'étudiants, pas assez de salles, pas assez de profs". Des conditions "vraiment pires" que celles qu'il a connues, et qu'il qualifie de "vraie boucherie pédagogique". Pour dépeindre au mieux cette ambiance, il n'hésite pas à mêler le documentaire à la fiction. "Je suis allé à la rencontre de ceux qui venaient de passer le concours, de ceux qui venaient d'échouer et de ceux qui espéraient encore. C'est un travail de reportage, quasiment journalistique (…)", explique-t-il, précisant que "tous ces gens (…) sont dans le film".